Allocution d’ouverture de Peter Routledge, surintendant – 35e Forum annuel de l’Institut Northwind sur les services financiers, Cambridge (Ontario)

Discours -

Au cours de ma première année en tant que surintendant, j’ai souvent pris la parole lors d’événements publics. Cette démarche est tout à fait délibérée. De fait, les enjeux auxquels le BSIF et le secteur des services financiers devront faire face exigent un vaste programme de mobilisation et la participation d’un plus grand nombre d’intervenants.

La volatilité et l’incertitude qui caractérisent notre environnement de risque ne sont pas prêtes de se dissiper; la volatilité accrue du système financier est bel et bien notre nouvelle normalité. Les risques sont en effet plus volatils, complexes, interreliés et existentiels qu’auparavant. Face à une telle incertitude, nous avons deux options. Nous pouvons soit continuer d’appliquer les méthodes qui ont fonctionné par le passé, soit prendre des mesures concrètes pour comprendre le nouveau paysage du risque et nous y adapter avec souplesse. Ce n’est pas dans ma nature de me reposer sur mes lauriers, et ce n’est pas non plus dans celle du BSIF. Dans notre cas, le choix est donc évident : nous allons nous adapter en faisant preuve d’agilité et d’un grand sens de l’urgence.

Dans cette optique, nous avons repositionné le Bureau et créé une structure organisationnelle qui tient compte des difficultés que nous entrevoyons à l’horizon. Soulignons notamment plusieurs changements de titres et de rapports hiérarchiques dont vous trouverez le détail sur notre site Web. Cette restructuration nous permettra d’exercer nos activités de réglementation et de surveillance des institutions financières fédérales et des régimes de retraite fédéraux selon une démarche qui cadre mieux avec l’environnement de risque.

Les institutions que nous surveillons n’auront aucun mal à comprendre les questions que leur poseront les surveillants, comme cela a d’ailleurs toujours été le cas. De plus, l’approche du BSIF restera axée sur le risque et fondée sur des principes. En revanche, nous allons assurément élargir l’éventail des risques sur lesquels nous nous concentrons pour en inclure de nouveaux, autres que les traditionnels risques de crédit, de marché et de liquidité.

À ce sujet, j’invite nos collègues des secteurs réglementés à lire le Regard annuel sur le risque que nous avons publié récemment. Conformément à la volonté réaffirmée du BSIF de faire preuve de toujours plus de transparence, notre objectif est de communiquer clairement notre point de vue sur les risques évidents qui menacent actuellement la résilience du secteur financier. De fait, les organismes de réglementation financière, qui se préoccupent essentiellement de la résilience systémique, ont naturellement tendance à minimiser l’importance des risques qui pèsent sur le système par peur de les exacerber. Or, nous sommes d’avis que le risque que peut poser une plus grande transparence procure des avantages bien plus substantiels. Selon nous, les avantages que nous pourrons tirer d’un dialogue ouvert et franc nous permettront de mieux ajuster nos mesures sur le plan de la réglementation et de la surveillance, ce qui renforcera la résilience du système financier. Nous pensons par ailleurs que l’optique prudentielle du BSIF sur ces sujets contribue à accroître la confiance dans le système financier. Somme toute, cette publication montre clairement que nous prenons les risques recensés très au sérieux.

Nous y présentons sept risques principaux. Les dirigeants des institutions financières fédérales et des régimes de retraite fédéraux ont toutefois la possibilité d’adapter leur organisation à ces sept risques d’une manière qui renforce la résilience individuelle de chaque institution et régime de retraite. Je vais maintenant vous donner un éclairage sur certains des risques que nous avons mis en évidence dans notre Regard annuel.

Hier, j’ai pris la parole lors du Sommet 2022 de Paiements Canada où j’ai abordé la question de la numérisation des services financiers. Certes, l’innovation numérique est porteuse d’une formidable valeur ajoutée pour nos concitoyens, mais l’innovation peut évoluer plus rapidement que la réglementation et la législation qui protègent la population. Soulignons toutefois que, à la lumière des récentes annonces faites lors de la présentation du budget fédéral, et grâce aux actions ciblées de nos collègues des différents organismes fédéraux du filet de sécurité financière, nous adapterons les paramètres de réglementation et de surveillance afin de développer et de renforcer la concurrence, la résilience, la sécurité et la protection de la vie privée dans l’ensemble du système financier du Canada.

J’en profite pour souligner que le BSIF a publié aujourd’hui une version révisée de ses consignes sur le risque lié aux tiers pour consultation (ligne directrice B‑10). En substance, les professionnels du secteur des services financiers ont, depuis longtemps, recours à des ententes avec des tiers pour gagner en efficacité, favoriser l’innovation, gérer la mutation des besoins opérationnels et améliorer les services offerts. De nos jours, les institutions financières comptent davantage sur un écosystème de tiers plus vaste pour exécuter leurs activités essentielles. La probabilité que ces ententes aient une incidence sur leur résilience opérationnelle et financière est donc plus grande. Les améliorations que nous proposons tiennent compte d’un ensemble plus complet de risques liés aux tiers dans cet écosystème élargi.

Dans ce domaine, nous suivons un principe plus général qui veut que lorsque des produits, processus et services traditionnels sont remplacés par des solutions plus innovantes, nous devons réfléchir à la manière d’adapter le périmètre réglementaire pour veiller à appliquer des mesures de protection et des limites similaires à des activités financières comparables. Si cela peut sembler simple, les détails et les mécanismes sont plus difficiles à régler qu’il n’y parait dans un secteur financier et un régime de surveillance complexes et bien établis.

Quelques mots maintenant sur les risques climatiques, qui peuvent engendrer des risques plus traditionnels, comme les risques de crédit, de marché ou d’assurance, et les risques opérationnels et juridiques. Si rien n’est fait, ils pourraient rapidement compromettre la sûreté et la solidité des institutions financières, et du système financier canadien dans son ensemble.

Les résultats de nos récents travaux expliquent pourquoi une décarbonation chaotique, c’est-à-dire des mesures tardives ou une modification soudaine des politiques climatiques mondiales, rendrait plus probables les tensions financières découlant du risque de transition. Plus précisément, l’encadré 3 de ce rapport décrit les répercussions macroéconomiques que pourrait avoir une intervention différée. Je vous encourage à lire cet encadré dans l’optique de la résilience du système financier à moyen terme. Au cours de l’exercice, nous effectuerons deux nouvelles analyses de scénarios climatiques, en collaboration avec des institutions financières. L’une portera sur les répercussions du risque d’inondation sur les prêts hypothécaires résidentiels, et l’autre sur les effets de la refixation du prix des titres au sein des portefeuilles et la probabilité d’une négociation des prix qui se propagerait à l’ensemble du système.

Ces travaux nous permettront de déterminer si les cibles internes actuelles des institutions et les réserves de fonds propres tiennent suffisamment compte de ce type de risques. L’exploitation de nos travaux de surveillance auprès des institutions nous aidera par ailleurs à établir des attentes réglementaires fondées sur des principes. Parallèlement, nous favoriserons la transparence au sein du secteur en définissant des attentes claires et en traçant la voie à suivre pour améliorer la gestion du risque climatique et la communication d’informations financières à cet égard.

Nous savons bien que nous ne sommes pas les seuls à agir face aux changements climatiques. Citoyens, actionnaires, institutions et organismes de normalisation, tous travaillent sur des mesures qui détermineront à quelle vitesse et à quel niveau ces risques interreliés se présenteront. Sans collaboration, il nous sera impossible de bien faire notre travail. Nous cherchons donc activement des moyens d’accroître la mobilisation des parties prenantes, tant au sein du secteur financier que dans d’autres milieux, au Canada comme à l’étranger. Assurer la concertation et l’échange d’informations sur les pratiques exemplaires est le meilleur moyen de créer un cadre qui favorisera une stabilité durable.

En communiquant nos perspectives et nos plans, nous cherchons à ouvrir la voie à de nouveaux progrès. Face à des problèmes qui sont complexes à résoudre collectivement – comme les changements climatiques – et à des risques interconnectés liés à la numérisation, il faut avant tout adopter des positions claires et amorcer un dialogue.

Je conclurais en disant que le résultat qui nous attend sur la ligne d’arrivée est clair : un système financier concurrentiel, résilient et sûr. Ce que nous ignorons encore, ce sont les acteurs qui participeront à cette course contre la montre et ceux qui s’en retireront, les nouveaux obstacles qui pourraient survenir ou la distance à parcourir. Soyez assurés qu’au BSIF, nous avons déjà commencé à courir dans la bonne direction.

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